
Les PFAS : qu'est-ce que c'est ?
Les PFAS sont des molécules très persistantes, largement répandues dans l’environnement et bioaccumulables. Leur présence dans des captages d’eau utilisés pour la production d’eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) peut notamment résulter de :
- rejets de station d’épuration ;
- rejets industriels de type : électronique, semi-conducteur, toners/encres, mousses anti-feux, cosmétiques, imperméabilisants des textiles-cuirs-tapis et emballages alimentaires, bains de placage électrolytique, nettoyants de surface métallique, de sols, vernis, cire, etc.
- contaminations par des mousses anti-feux (à proximité d’aéroports, de dépôts hydrocarbures, de sites d’exercices incendies, etc.).
Quelles sont les principales sources de pollution ou d'exposition au PFAS ?
La présence de PFAS dans l’environnement a une origine uniquement anthropique, c’est-à-dire due à l’activité humaine.
Du fait de l’utilisation variée de ces composés chimiques et de leur persistance, tous les milieux peuvent être concernés par des contaminations : l’eau, l’air, les sols et la chaîne alimentaire.
Toute la population est exposée, à des niveaux variables.
La principale source d’exposition est l’alimentation, en particulier :
- la consommation de produits de la mer, de viande, de fruits, d’œufs ;
- la consommation d’eau de boisson.
L’air intérieur et extérieur est aussi une voie d’exposition possible mais moins importante, ainsi que l’ingestion de poussières contaminées.

Selon les études menées par Santé publique France et l’INERIS sur l’exposition humaine, des différences de niveaux d’imprégnation ont été observées selon le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle, la consommation de poissons et des produits de la mer, de légumes, l’autoconsommation d’œufs et de lait, l’utilisation des produits ou matériaux pendant les travaux de loisirs ou de bricolage.
Quels sont les effets des PFAS sur la santé ?
La littérature scientifique portant sur les PFAS et leurs effets potentiels sur la santé est abondante et elle s’enrichit continuellement. Les effets étudiés sont des maladies ou encore des réactions de l’organisme sans manifestations cliniques associées ou observables. De nombreux organismes de référence ont révisé les données humaines et animales relatives aux PFAS. Compte tenu des différentes méthodes de synthèse et d’appréciation de la preuve scientifique, le degré de certitude attribué aux divers effets peut varier selon les organismes consultés.
Quatre effets potentiels sur la santé disposent toutefois d’un niveau de preuve jugé suffisant : la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination, la dyslipidémie (anomalie lipidique due à du cholestérol et/ou des triglycérides élevés), la baisse du poids de naissance et l’augmentation du risque de cancer du rein.
Le 1er décembre 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PFOA comme « cancérogène pour les humains » (groupe 1) et le PFOS comme substance « peut être cancérogène pour les humains » (groupe 2B).
D’autres types d’effets sur la santé sont suspectés, bien que les preuves scientifiques soient à ce stade plus faibles : il s’agit notamment des maladies thyroïdiennes, des troubles de la reproduction ou de la fertilité.
Concernant l’eau destinée à la consommation humaine :
La connaissance des risques sanitaires liés à la présence de PFAS dans les eaux destinées à la consommation humaine est relativement parcellaire ; c’est pourquoi, différents travaux sont actuellement conduits tant au niveau national qu’européen, avec des restitutions à plus ou moins courte échéance.
Pour l’eau potable, une expertise scientifique de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est en cours afin d’évaluer les risques sanitaires liés aux PFAS et proposer des valeurs sanitaires dans l’eau. Cette expertise intègre le TFA. Des valeurs guides sanitaires dans les EDCH seront disponibles entre mi 2025 et fin 2026.
La Commission européenne a également sollicité l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour conduire une évaluation des risques sanitaires liés aux PFAS, dont le TFA, dans l’eau potable. Les résultats de ces travaux sont attendus d’ici 2025-2026.
Quel suivi des PFAS dans l'eau destinée à la consommation humaine ?
En France, l’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés. Elle fait l’objet d’un suivi analytique permanent pour garantir sa sécurité sanitaire, depuis le captage dans le milieu naturel jusqu’au robinet du consommateur. Ces contrôles sont réalisés par l’ARS et par les personnes responsables de la production et/ou de la distribution de l’eau (la collectivité ou son délégataire).
Le contrôle de la qualité de l’eau de consommation évolue au fur et à mesure des connaissances scientifiques et des capacités analytiques disponibles.
Dans ce cadre, les PFAS font partie des nouveaux paramètres introduits à l’occasion de la refonte de la directive européenne 2020/2184 du 16/12/2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, transposée en droit français fin 2022/début 2023.
La limite de qualité pour l’eau potable a été fixée pour le paramètre « somme des 20 PFAS » à 0,10 µg/l en eau distribuée (au robinet) et de 2 µg/L sur l’eau brute (à la ressource, avant traitement).
La recherche de ces 20 composés perfluorés (PFAS) est obligatoire avant le 1er janvier 2026.
Campagne exploratoire en cours
En complément, une nouvelle campagne exploratoire nationale est en cours, conduite par le laboratoire d’hydrologie de Nancy (LHN) de l’Anses, mandaté par la Direction générale de la santé (DGS). Elle intègre notamment les PFAS.
Après avoir mené une première campagne sur les PFAS en 2010-2011, la campagne engagée sur la période 2023-2026, porte sur 34 PFAS. Au 20 PFAS issus de la directive européenne, ont été ajoutés notamment l’acide trifluoroacétique (TFA) et d’autres PFAS dits « à chaîne courte ».
Ces campagnes prospectives sur des paramètres encore peu connus – ce qui est le cas des PFAS « à chaîne courte » - permettent de développer et tester les capacités analytiques puis d’intégrer ces paramètres, si cela est jugé pertinent, en routine au contrôle sanitaire des EDCH et dans les expertises sanitaires menées par l’Anses.
En Pays de la Loire, une quarantaine de sites ont été intégrés à la campagne nationale de l’ANSES, répondant aux critères suivants : pour chaque département, le captage avec le plus gros débit, un captage choisi aléatoirement, un ou plusieurs captages d’intérêt choisi(s) au regard du contexte industriel à proximité notamment.
Le rendu de cette campagne est projeté fin 2025, pour autant, aucune alerte particulière n’a été communiquée à l’ARS par l’ANSES sur l’ensemble des analyses réalisées.
Suivi des PFAS dans l'eau du robinet en Pays de la Loire ?
L’ARS Pays de la Loire, en lien avec les préfets, a fait le choix d’intégrer progressivement les 20 PFAS dans les paramètres du contrôle sanitaire, en tenant compte de la montée en compétences des laboratoires agréés intervenant pour le compte de l’ARS, désormais accrédités pour les PFAS.
Ainsi, depuis janvier 2025, les PFAS sont recherchés en eau distribuée, en sortie de l’ensemble des stations de traitement d’eau potable. L’objectif de cette recherche est de dresser un premier état des lieux de la situation ligérienne.
Sur cette première série d’analyses, aucun dépassement de la limite de qualité n’a été observé en sortie de station de traitement.
A partir du 1er janvier 2026, la recherche des PFAS dans le contrôle sanitaire de routine sera systématique sur l’ensemble des installations d’eau potable de la région, en ressource et en eau distribuée.
Quelles actions en cas de dépassement des limites de qualité réglementaire dans l'eau destinée à la consommation humaine ?
La gestion des situations de non-respect des exigences de qualité des eaux distribuées au robinet est très encadrée par la réglementation : elle repose sur l’appréciation, en particulier par l’Agence régionale de santé (ARS), de la situation et des risques encourus par la population.
De façon synthétique, en cas de dépassement d’une limite de qualité, la personne responsable de la production et de la distribution de l’eau doit immédiatement informer le maire et les autorités sanitaires (ARS), procéder à une enquête afin de caractériser la situation et de déterminer les causes du problème. En effet, la qualité de l’eau est « non-conforme » à la réglementation dès lors qu’un résultat d’analyse dépasse une limite de qualité. Pour autant, dans la plupart des situations, des prélèvements complémentaires sont nécessaires pour vérifier et confirmer ce résultat, en raison des limites analytiques et de la variabilité des résultats.
Si le dépassement est confirmé, la PRPDE doit prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir la conformité de l’eau. En cas de risque pour la santé, la PRPDE en liaison avec l’ARS et le préfet diffuse des recommandations d’usage à la population. Selon les situations, il peut ainsi recommander aux populations les plus sensibles de ne pas consommer l’eau pour l’alimentation ou pour l’hygiène quotidienne.
En complément, le préfet peut, si la situation le justifie, demander la mise en place de mesures de réduction des émissions de PFAS par les activités productrices pouvant être à l’origine de la présence de PFAS dans l’environnement et les ressources en eau concernées.
Actuellement, les modalités de gestion spécifiques aux PFAS dans les EDCH sont précisées par instruction du ministère chargé de la santé aux ARS du 12 mars 2025. Cette instruction sera actualisée à la lumière des avis attendus du HCSP et de l’ANSES attendus pour 2026.
Dans l’attente, les situations de non-conformités confirmées à la limite de qualité de 0,1 μg/L doivent être traitées selon une approche proportionnée de l’action publique au regard du risque sanitaire. Compte tenu des travaux scientifiques en cours et des incertitudes, il est indispensable de réduire l’exposition des populations et, en particulier, des plus sensibles.
Les travaux de retour à la conformité doivent être menés dans les meilleurs délais et au regard de la situation des restrictions d’usage de l’eau peuvent être prononcées à l’attention des populations les plus sensibles. Au cas par cas, en fonction de la nature des PFAS en présence, des taux mesurés et de la durée de persistance envisagée de la non-conformité, les recommandations peuvent être étendues à l’ensemble de la population.