Édito
Yannick Neuder. Ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins
Nous devons à la psychiatrie une réparation. Et aux Français une promesse : celle de ne plus laisser la souffrance psychique sans réponse.
La santé mentale est l’affaire de tous. Elle traverse nos vies, nos familles, nos écoles, nos lieux de travail. Depuis trop longtemps, elle a été reléguée au second plan de nos politiques de santé. Ce déni collectif, nous le payons cher : dans la détresse des jeunes, dans l’isolement des personnes fragiles, dans l’épuisement des soignants, dans l’angoisse de celles et ceux qui ne savent plus à quelle porte frapper. Ce plan psychiatrie est un plan de sursaut et de refondation. Il n’ajoute pas quelques mesures à une liste déjà longue. Il change de logique. Il part de la crise de sens et de moyens que connaît la psychiatrie. Il l’écoute, il la regarde en face, et il répond. Il choisit de la reconstruire non pas autour de la seule urgence ou de l’hôpital, mais depuis la base : l’école, les médecins généralistes, les CMP, les soignants du quotidien. Nous avons collectivement une dette envers la psychiatrie publique. Et une ambition : faire en sorte que chacun, quelle que soit son histoire, puisse trouver à temps un soutien, un soin, un chemin de rétablissement. Nous allons mieux repérer, mieux soigner, mieux accompagner. Nous allons remettre de l’humain, de la cohérence, de la confiance. Ce plan n’est pas un aboutissement : c’est un point de départ. Celui d’un engagement durable, à la hauteur de ce que nous devons à celles et ceux qui vivent avec un trouble psychique, et à celles et ceux qui les soignent.
Les 3 axes du plan : repérer, soigner, reconstruire
La souffrance psychique commence souvent tôt. Chez les enfants et les adolescents, les signes avant-coureurs sont là, mais ils sont encore trop peu repérés, trop tardivement pris en charge. Pourtant, les troubles psychiques ne surviennent jamais brutalement : ils s’installent, ils évoluent, ils peuvent être contenus, voire évités si l’on intervient au bon moment.
Cet axe du plan repose sur une conviction forte : le repérage commence par la vigilance collective. École, santé, protection de l’enfance, justice… Tous les adultes en contact avec les jeunes doivent être en capacité de détecter les premiers signes de mal-être, de créer des espaces d’écoute, de déclencher une réponse coordonnée.
Le gouvernement fait donc le choix d’un investissement massif dans le repérage précoce, la formation des professionnels de terrain et la mobilisation des outils pratiques. Il s’agit de permettre une réponse avant la crise, dans les lieux de vie, avec des acteurs connus des jeunes et de leurs familles.
Ce pilier n’est pas un dispositif supplémentaire : c’est un changement de culture, une montée en compétence collective pour éviter que la souffrance psychique ne s’aggrave, ne s’enkyste, ne marginalise.
La psychiatrie de proximité est aujourd’hui fragilisée : délais d’attente trop longs, saturation des urgences, manque d’alternatives à l’hospitalisation, inégalités territoriales d’accès aux soins. Face à une demande croissante, notamment chez les jeunes et les personnes en situation de précarité, notre système peine à apporter des réponses rapides, humaines et coordonnées.
Cet axe du plan vise à reconstruire une offre de soins lisible et graduée, qui permette de prendre en charge les troubles psychiques au bon moment, au bon endroit, par les bons professionnels. Il s’agit de mieux répondre avant la crise, mieux accueillir lorsqu’elle survient, et mieux accompagner après.
Ce pilier donne une place centrale à la médecine de ville, aux équipes mobiles, aux CMP, aux psychologues libéraux et aux acteurs du premier recours. Il vise à désengorger les urgences, à éviter les ruptures de parcours, et à proposer à chaque personne concernée un accompagnement de proximité, digne et adapté à ses besoins.
Soigner, c’est aussi créer les conditions d’un rétablissement durable. Ce deuxième axe du plan veut redonner souffle et cohérence à l’ensemble du parcours psychiatrique.
Le mal-être des patients ne peut être durablement pris en charge si le système lui-même est en souffrance. Depuis des années, la psychiatrie publique alerte sur un épuisement des équipes, une crise de vocations, une désaffection croissante des jeunes professionnels. Trop souvent, les soignants tiennent à bout de bras des structures désorganisées et isolées.
Reconstruire, c’est reconnaître cette réalité et y répondre avec ambition. C’est remettre de la cohérence dans les parcours, des ressources dans les équipes, de la clarté dans les missions. C’est redonner envie de faire de la psychiatrie, dans un cadre porteur, bien formé, bien encadré.
Cet axe vise ainsi à mieux former, mieux recruter, mieux coordonner. Il s’appuie sur des leviers concrets : développement des secteurs universitaires, reconnaissance de la pair-aidance, lutte contre les pénuries de médicaments, déploiement d’équipes spécialisées en soutien aux professionnels de terrain.
La psychiatrie mérite une attention à la hauteur de ses enjeux. Elle sera l’un des socles du système de santé de demain : plus humain, plus intégré, plus résilient. Ce troisième pilier du plan trace ce chemin de reconstruction.
A télécharger :
- Le dossier de presse complet (sur le site du Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles)
- La synthèse de la feuille de route santé mentale et psychiatrie au 1er mai 2025 (sur le site du Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles)
- L'avancement de la feuille de route santé mentale et psychiatrie au 1er mai 2025 (sur le site du Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles)