Eau destinée à la consommation humaine

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eau destinée à la consommation humaine

"Garantir l’accès à une eau de qualité, en permanence et pour tous, est un enjeu de santé publique et une responsabilité partagée."

L’eau du robinet est l’aliment le plus contrôlé en France.

Cette surveillance est assurée selon les dispositions du code de la santé publique, par la personne responsable de la production et de la distribution de l’eau (PRPDE) et par l’Agence Régionale de Santé (ARS).

Le suivi réglementaire exercé par l’ARS comprend notamment la réalisation et le suivi d’un programme de prélèvements et d’analyses dont l’objectif est de s’assurer de la qualité de l’eau distribuée. Il s’exerce ainsi sur l’ensemble de la chaine de production et de distribution de l’eau, à la ressource (eaux brutes), au point de mise en distribution (en sortie des stations de traitement) et en distribution (point de consommation).  Les prélèvements et analyses sont réalisés par un laboratoire agréé par le ministère de la santé, sélectionné à l’issue d’une procédure de marché publique conduite par l’ARS.

La qualité de l’eau est évaluée par rapport à des exigences de qualité fixées par le code de la santé publique pour une soixantaine de paramètres bactériologiques, physico-chimiques et radiolologiques.

Les résultats du contrôle sanitaire sont évalués au regard d’exigences de qualité que sont :

  • Les limites de qualité, fixées pour les paramètres qui peuvent présenter des risques sanitaires à court terme ou à long terme. Elles concernent les paramètres microbiologiques (germes témoins de contamination fécale) et plusieurs substances physico-chimiques (ex : nitrates, métaux, solvants chlorés, hydrocarbures aromatiques, pesticides, sous-produits de désinfection, etc). 
  • Les références de qualité, fixées pour des paramètres sans incidence directe sur la santé aux teneurs habituellement observées mais qui peuvent mettre en évidence un dysfonctionnement des installations de traitement ou être à l'origine d'inconfort ou de désagrément pour le consommateur (ex : pH, température, odeur, saveur, chlore résiduel, calcaire, etc).
  • Les valeurs indicatives (ex : métabolites non pertinents) ou de vigilance (ex : nonylphénol), récemment intégrer dans la réglementation.

En cas de dépassement des limites de qualité, la personne responsable de la production ou de la distribution d’eau prend le plus rapidement possible les mesures correctives nécessaires (enquête pour appréhender l’origine et mesures de gestion : traitement, changement de ressource, interconnexion, mélange d’eau, arrêt de pompage...) afin de rétablir la conformité de l’eau. Elle et informe le maire et le préfet du département concerné.

Si le préfet estime que la distribution de l’eau présente un risque pour la santé, il peut demander la mise en œuvre de mesures d’urgence telles que la restriction d’usage, voire l’interruption de la distribution. Le responsable de la distribution d’eau doit alors assurer immédiatement auprès des consommateurs une information assortie de conseils. Cette information est diffusée, en étroite collaboration avec le maire de la commune concernée.

L’information sur la qualité de l’eau distribuée est publique et disponible pour tout un chacun.

Elle est disponible selon plusieurs moyens :

  • La fiche annuelle de la qualité de l’eau

Cette synthèse présente les caractéristiques de l’eau distribuée : origine de l’eau, résultats du contrôle sanitaire (microbiologie, nitrates, pesticides, etc.). Rédigée par l’ARS, elle intègre également des recommandations sanitaires. Elle est adressée aux abonnés par la collectivité responsable de la distribution de l’eau à l’occasion d’une facture d'eau, c’est pourquoi elle est communément appelée « infofacture ».

En terme de présentation, la qualité sanitaire de l’eau de l’unité de distribution est qualifiée par un indicateur global annuel de qualité (IGQ), auquel est associé une couleur et un message type. L’IGQ prend en compte les paramètres faisant l'objet d'une limite de qualité et correspond au classement du ou des paramètres le(s) plus défavorable(s).

Résultats des analyses de l'eau - site Atlasanté
  • Les résultats de chaque analyse de l’eau sont accessibles, au fur et à mesure de leur disponibilité, commune par commune, sur le site du ministère chargé de la santé : 
Résultats des analyses de l'eau - site du Ministère 
  • Les bilans annuels : en complément, le bilan de la qualité de l’eau distribuée en 2022, aux échelles régionale et départementale sont téléchargeables dans l'encart ci-dessous " La qualité de l’eau en Pays de la Loire"

  • Utilisez uniquement l'eau du réseau d'eau froide pour la boisson et pour cuisiner.
  • En présence de goût de chlore, remplissez une carafe d'eau et placez-la ouverte au réfrigérateur pendant quelques heures
  • Dans les habitats équipés de tuyauteries en plomb, leur remplacement est à envisager dans les meilleurs délais. Dans l’attente, laissez couler l'eau avant de la boire lorsqu'elle a séjourné plusieurs heures dans les canalisations.
  • Après quelques jours d'absence, laissez couler l'eau avant de la boire ou de l'utiliser pour la cuisine.
  • Pour les usages courants, la qualité de l'eau distribuée à votre robinet ne nécessite pas de traitement complémentaire. Pour connaître la dureté de l'eau à votre robinet, vous pouvez consulter la synthèse annuelle que vous avez reçu (voir paragraphe "où trouver l'information sur la qualité de l'eau" ci-dessus)
  • Si vous possédez une installation particulière (carafe d'eau filtrante, adoucisseur), pensez à l'entretenir régulièrement selon les dispositions du fabricant pour éviter toute contamination autre. Dans le cas d'un adoucisseur, assurez-vous de disposer d'un robinet d'eau froide non adoucie pour la boisson et la cuisine.
  • En cas d'utilisation alternée du réseau public et d'un puits ou forage privé, la séparation des deux réseaux est obligatoire. L'usage d'un puits privé doit être déclarée en mairie et il est recommandé une analyse de la qualité de l'eau. Si l’eau est destinée à plus d’une famille, une procédure d’autorisation au titre du code de la santé publique est obligatoire.

Zoom sur quelques paramètres du contrôle sanitaire

La dureté de l’eau, ou Titre Hydrotimétrique (TH), correspond à sa teneur en sels dissous de calcium et de magnésium. Elle est directement liée à la nature des terrains traversés.

La dureté s’exprime en degrés français (°F). Un degré français correspond à 4 mg/l de calcium ou à 2,4 mg/l de magnésium.

L’échelle de la dureté est la suivante :

eau très peu calcaire (eau très douce) 0 à 10° F
eau peu calcaire (eau douce) 10 à 20° F
eau calcaire (eau moyennement dure) 20 à 30° F
eau très calcaire (eau dure à très dure) supérieur à 30° F

La dureté est un paramètre stable, si l’origine de l’eau distribuée n’a pas évoluée les valeurs de l’année passée sont toujours valable.

Télécharger la carte 2022 de la dureté de l'eau en Pays de la Loire : 

Le terme « pesticides » désigne les molécules actives ou préparation utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes indésirables qu’il s’agisse de plantes (herbicides) d’animaux (insectes, acariens, mollusques…) de champignons (fongicides) ou de bactéries. Ces substances sont vendues sous différentes formes et on peut dénombrer près de 10 000 préparations ou formulations destinées à la vente.

Ces substances peuvent évoluer dans les milieux naturels et ou parfois dans les filières de traitement de l’eau. Les produits ainsi formés sont appelés « métabolites de pesticides ».                          

Les pesticides et leurs métabolites sont recherchés pour la production d’eau potable (d’origine souterraine ou superficielle) et dans les eaux distribuées (au point de mise en distribution, c’est-à-dire après la station de production).

La liste des molécules de pesticides intégrées au contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine tient compte notamment :

  • Des usages réels de ces produits sur le territoire,
  • Des connaissances scientifiques relatives à ces molécules,
  • Des capacités analytiques des laboratoires d’analyses.

En Pays de la Loire, le contrôle sanitaire comprend plus de 250 molécules de pesticides intégrant un nombre croissant de métabolites (une vingtaine).

Limite réglementaire et valeurs sanitaires : une distinction à faire

Pour les pesticides et les métabolites pertinents dans l’eau au robinet du consommateur, la limite réglementaire de qualité est fixée à 0,10 μg/L par substance individuelle et à 0,50 μg/L pour le total des pesticides et métabolites pertinents quantifiés.

En cas de dépassement, l’ARS examine la situation sanitaire concernant la molécule à l’origine du dépassement, en comparant la concentration mesurée aux valeurs sanitaires maximales établies par l’ANSES. Si cette valeur sanitaire est respectée, l’eau peut continuer à être consommée sans restriction d’usage pendant une période dérogatoire. 

Ainsi, lorsque la concentration en pesticides est supérieure à la limite réglementaire de qualité mais inférieure à la valeur sanitaire, l’eau ne présente pas de risque pour la santé du consommateur ; aucune restriction d’usage de l’eau n’est prononcée. Des actions correctives sont mises en œuvre par la personne responsable de la production et de la distribution de l’eau potable dans l’objectif de revenir à une situation conforme, dans les meilleurs délais.

En cas de présence de métabolites non pertinents, la limite de qualité de 0,1 µg/l ne s’applique pas. L’eau doit toutefois satisfaire à la valeur indicative de 0,9 µg/l. En cas de dépassement, l’exploitant est invité à mettre en œuvre des actions correctives, proportionnées aux enjeux sanitaires, mais l’eau reste consommable sans restriction d’usage. 

Nota : la limite réglementaire de qualité de 0,1 µg/l, confirmée dans la directive européenne de 2020, a été établie en considérant: « que toutes les expositions doivent être aussi basses qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre, compte tenu des facteurs économiques et sociaux »). Elle se base sur les seuils de détection analytiques remontant à une quarantaine d’années et a pour objectif de réduire la présence de ces composés au plus bas niveau de concentration possible, ainsi elle n’a pas été fixée d’après les connaissances sanitaires molécule par molécule.

Une distinction entre la non-conformité réglementaire et la gestion sanitaire. Voir description détaillée ci-après.

Il y a absence de risque sanitaire lorsque :

  • L’eau est conforme, c’est-à-dire qu’elle ne dépasse pas la limite de qualité (LQ) qui est de 0,1 ug/L par pesticide et métabolite pertinent
  • L’eau est non-conforme réglementairement, c’est-à-dire qu’elle dépasse la limite de qualité mais ne dépasse pas la valeur sanitaire maximale (Vmax)

Dans ces deux cas, il n’y a pas de restriction d’usage de l’eau et la consommation est maintenue. Des mesures correctives sont prises.

Il y a risque sanitaire lorsque la valeur sanitaire maximale (Vmax) est dépassée : il y a une restriction d’usage, des mesures correctives sont prises et la dérogation est impossible.

Pertinence des métabolites

Un métabolite est classé « pertinent » par l’ANSES dès lors qu’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable par le consommateur.

Cette évaluation est conduite par l’ANSES au regard de plusieurs critères (activité pesticide, génotoxicité, cancérogénèse et reprotoxicité, potentiel de perturbateur endocrinien, transformation dans la filière de traitement de traitement de l’eau). En l’absence de connaissances suffisamment robustes permettant d’écarter tout risque sanitaire ou toute activité « pesticide », les molécules sont alors, par défaut, considérées comme pertinentes. En conséquence, le classement peut être amené à évoluer à la lumière de nouvelles données.

La pertinence est évolutive dans le temps, en fonction des connaissances scientifiques. La majorité des situations de non conformités relevées en 2021 et début 2022 dans la région avait pour origine l’ESA métolachlore, produit de dégradation du S-métolachlore (herbicide). A la lumière des connaissances scientifiques disponibles, l’ANSES a ré-évalué la pertinence de ce métabolite et l’a classé « non pertinent » dans son avis publié le 30 septembre 2022. La limite de qualité réglementaire de 0,1 µg/L ne s’applique donc plus à cette molécule.  Elle continue néanmoins à faire l’objet d’une surveillance dans les eaux destinées à la consommation humaine, sa présence traduisant une certaine vulnérabilité des ressources en eau

Une recherche de plus en plus poussée

Afin de disposer d’une meilleure connaissance de la qualité de l’eau, le Ministère de la Santé confie régulièrement à l’ANSES le soin de conduire des campagnes exploratoires.

Dans ce cadre, une campagne nationale de mesure de l’occurrence de composés émergents dans les eaux destinées à la consommation humaine Pesticides et métabolites de pesticides, Résidus d’explosifs et solvant (1,4-dioxane) a été menée récemment.

Sur 157 molécules de pesticides recherchées, de nombreux sites ont montré la présence des métabolites de S-Métolachlore et du Chlorothalonil à des teneurs supérieures à la valeur limite réglementaire de 0,10 µg/l.

Le métabolite « Chlorothalonil R471811 » a été retrouvé sur 34% des échantillons. Ce métabolite est classé pertinent par l’ANSES du fait de l’absence de données suffisantes permettant de lever le doute sur son potentiel caractère cancérigène (avis du 26 janvier 2022).

A titre indicatif, les valeurs ponctuelles mesurées en Pays de la Loire sont toutes inférieures à la valeur d’orientation sanitaire allemande fixée à 3 µg/L.

Le métabolite « Chlorothalonil R471811 » est difficile à analyser dans l’eau. En France, les laboratoires développent des méthodes d’analyse en vue d’une accréditation, qui garantit la compétence de ces laboratoires pour la recherche de cette molécule.

Dès lors que la ressource en eau est dégradée, la conformité de l’eau distribuée est assurée par des moyens curatifs (mélange, traitement), qui doivent nécessairement être de plus en plus performants.

Cette situation met en évidence la nécessité d’agir, de manière collective, à la protection des ressources en eau vis-à-vis des pollutions diffuses. C’est tout le sens de la stratégie régionale Eau portée par l’Etat et la Région.

Aller plus loin

Résultats du contrôle sanitaire

Tout au long de l'année, retrouvez les résultats des contrôles sanitaires sur le site Eau potable du ministère en charge de la santé.