Bâtiments accueillant des enfants

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Air intérieur et enfants : des précautions à prendre
Dans les bâtiments accueillant des enfants, certaines précautions sont à prendre pour ne pas les exposer à des agressions environnementales.

Les jeunes enfants sont très sensibles à la pollution environnementale. L’exposition précoce à des agressions environnementales peut avoir non seulement des effets immédiats sur le développement de l’enfant, mais aussi des conséquences irréversibles qui se répercuteront à l’âge adulte.

De nombreux facteurs de risques peuvent être recensés dans les locaux accueillant des enfants, en particulier ceux dans le cadre d'une exposition à long terme. Les facteurs de risques chroniques sont ainsi classés selon leur nature : biologique, chimique ou physique.

L’ensemble de ces risques peut être classé en fonction de deux grandes catégories :

  • la localisation du bâtiment (environnement extérieur),
  • la conception et l’usage du bâtiment (environnement intérieur).

Il est possible ensuite de distinguer les risques communs à tous les types de locaux et les risques spécifiques à certaines catégories de locaux. Les locaux sportifs avec piscine et douches, par exemple, peuvent engendrer des risques spécifiques liés à l’exposition à certains agents chimiques comme le chlore et les agents biologiques type légionelles. C’est le cas également des salles de travaux pratiques dans les collèges et lycées (risques chimiques et physiques), des cuisines et des restaurants scolaires, etc.

  • En fonction de la localisation du bâtiment (environnement extérieur)

Une contamination potentielle de l’environnement intérieur et extérieur de l’établissement dépend notamment de l’emplacement du bâtiment. Les polluants ou les nuisances (bruits, odeurs, etc.) se propagent par différents milieux (air, eau, sol). Les environnements passés, actuels et futurs du bâtiment doivent être également pris en compte pour limiter les risques (ancien site industriel, sol pollué, zone industrielle en activité située à proximité, etc).

  • En fonction de la conception et de l’usage du bâtiment (environnement intérieur)

Conception de l’environnement intérieur :

La conception de l’environnement intérieur peut être à l’origine de risques sanitaires importants. Ceux-ci peuvent résulter d’un défaut de conception : un réseau d’eau chaude sanitaire mal conçu peut ainsi engendrer un développement de bactéries (par exemple des légionelles) ou bien un système de ventilation mal étudié peut engendrer des problèmes de qualité de l’air intérieur, etc. Ces problèmes peuvent également résulter d’un choix mal orienté sur des équipements très émissifs en polluants (mobiliers, photocopieurs, etc.).

  • De même, l'usage du bâtiment et le comportement des occupants peuvent être à l'origine de risques sanitaires.
Tableau des risques en environnement extérieur
Tableau des risques chroniques (biologique, chimique, physique) en environnement extérieur selon le type de pollution pour l'enfant
Tableau des risques en environnement intérieur
Facteurs de risques et polluants ou contaminants en environnement intérieur pour l'enfant
Tableau des risques en environnement intérieur concernant l'usage du bâtiment
L'usage du bâtiment et le comportement des occupants peuvent être à l'origine de risques sanitaires.
Tableau des risques en environnement extérieur
Tableau des risques chroniques (biologique, chimique, physique) en environnement extérieur selon le type de pollution pour l'enfant
Tableau des risques en environnement intérieur
Facteurs de risques et polluants ou contaminants en environnement intérieur pour l'enfant
Tableau des risques en environnement intérieur concernant l'usage du bâtiment
L'usage du bâtiment et le comportement des occupants peuvent être à l'origine de risques sanitaires.

Aller plus loin

Les enfants : une population sensible

  • En Europe, 10 % des enfants souffrent de symptômes asthmatiques. L'asthme, les allergies et d'autres maladies respiratoires sont quelques-unes des principales causes d'hospitalisation pour soins des enfants.

Des maladies plus rares sont également en augmentation; c'est le cas de la leucémie, qui est la forme la plus commune de cancer infantile. A l’heure actuelle, pour les enfants comme pour les adultes, 80% des cancers seraient dus à des facteurs non génétiques, cependant la part attribuable aux facteurs environnementaux est difficile à évaluer.

Les jeunes enfants sont très sensibles à la pollution environnementale et ne peuvent pas être considérés comme de "petits adultes". Ils sont particulièrement exposés aux toxines présentes dans l'eau, dans les aliments et dans l'air puisqu'ils boivent et mangent davantage et absorbent plus d'air que les adultes au regard de leur masse corporelle. Ils absorbent également une proportion plus importante des polluants contenus dans leur nourriture. Alors que les adultes absorbent 10 % du plomb contenu dans les aliments, les enfants en absorbent 40 %. Qui plus est, leurs systèmes nerveux, respiratoire et de reproduction ne sont pas encore matures. Ceci les rend moins aptes à excréter certaines toxines.

L’exposition précoce à des agressions environnementales peut avoir non seulement des effets immédiats sur le développement de l’enfant, mais aussi des conséquences irréversibles qui se répercuteront à l’âge adulte. Parmi les facteurs environnementaux les plus préoccupants pour la santé de l’enfant apparaissent par exemple, les métaux (mercure, plomb…), les Composés Organiques Volatiles (COV), les pesticides, les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques Halogénés (HAPH), les allergènes, les rayonnements solaires et ionisants, le bruit.

Source : Organisation Mondiale de la Santé - Bureau Régional de l'Europe

  • Une grande variété de pathologies infantiles est connue pour être au moins en partie liée à l’environnement.

Mais la contribution des expositions environnementales à l’apparition de ces pathologies est encore scientifiquement mal identifiée et demande des recherches notamment sur les âges critiques auxquels elles apparaissent, les facteurs de risque et leur degré d’influence sur la santé des enfants.

Les pathologies en question sont les suivantes :

  1. les troubles d’apprentissage et neuro-comportementaux affectant les capacités intellectuelles, l’attention ou les capacités relationnelles avec autrui. Ce problème émergent de santé publique touche de 2% à 10% des enfants en France selon les définitions et modes d’évaluation retenus. Les troubles d’apprentissage se répercutent sur les potentialités de réussite scolaire et d’insertion sociale, alors que leur dépistage précoce permet une prise en charge efficace.
  2. Les  allergies et notamment l’asthme, dont la prévalence, évaluée à environ 10 % chez l’enfant contre 6% chez l’adulte, est susceptible d’augmenter encore. L’allergie alimentaire du nourrisson est un facteur prédictif important des autres formes d’allergies et constitue la première étape de la « carrière allergique » qui se structure en trois étapes pendant l’enfance: allergies alimentaires du nourrisson, dermatites atopiques dans la petite enfance, asthmes et infections respiratoires dans l’enfance.
  3. Les  perturbations endocriniennes, notamment pendant le développement hormonal de l’enfant, en lien par exemple avec des cancers de la prostate, des testicules et du sein, une altération possible de la qualité du sperme à plus long terme.
  4. Les  troubles de la croissance : troubles de l’immunité, désordres métaboliques…
  5. Les  cancers de l’enfant seraient en augmentation dans plusieurs pays industrialisés. D’après une expertise récente de l’INSERM, on compte en France, chaque année, chez l’enfant, près de 1500 nouveaux cas de cancers, qui surviennent pour moitié avant l’âge de 6 ans. L’environnement est probablement en cause dans un certain nombre de ces cancers. Des travaux de recherche et de surveillance approfondis sont nécessaires pour orienter la mise en place des programmes de prévention, notamment des études sur le rôle des expositions aux allergènes (acariens, moisissures, animaux domestiques, etc.) et aux agents chimiques.

Source : Santé Environnement des enfants : enjeux pluridisciplinaires (H.Leridon - INSERM)

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